
L’asphyxie périnatale peut avoir des conséquences extrêmement graves et notamment sur le cerveau des nouveau-nés. Les Hôpitaux Universitaires de Marseille ont initié NEOSTEM, une expérimentation visant à regénérer le tissu cérébral lésé.
Les formes sévères d’Encéphalopathie Anoxo-Ischémique concernent 1 à 2 naissances pour 1000. Elles sont la cause de séquelles neurologiques importantes avec des atteintes motrices, sensorielles, cognitives. La mise en hypothermie thérapeutique est actuellement le seul traitement permettant de limiter l’altération des cellules neuronales. Le froid diminue en effet leur métabolisme, atténue la réaction inflammatoire et met le cerveau au repos. Toutefois les bénéfices ne sont que partiels : il s’agit avant tout de restreindre au maximum les lésions en intervenant aussi rapidement que possible, dans les heures qui suivent la naissance.
Les Hôpitaux Universitaires de Marseille ont initié une étude expérimentale visant à régénérer le tissu cérébral lésé par l’injection de sang placentaire. Ce dernier contient de nombreux types de cellules, dont les progéniteurs endothéliaux, qui interviennent dans l’immunité et les mécanismes de réparation vasculaire. Des recherches paracliniques menées conjointement par le Centre de Recherche en CardioVasculaire et Nutrition (C2VN) et le Centre Européen de Recherche en Imagerie Médicale (CERIMED), avaient déjà démontré les effets protecteurs et réparateurs de ces cellules.
L’étude clinique NEOSTEM est le premier essai européen visant à évaluer la faisabilité et la tolérance de l’administration autologue de sang placentaire. Mené sur 2 ans, Il va inclure 20 enfants dans une quinzaine de centres à travers toute la France, dont l’unité de Réanimation néonatale de l’Hôpital de la Conception.
Le protocole est extrêmement rigoureux et a fait l’objet d’une préparation minutieuse, s’agissant d’une thérapie cellulaire d’urgence nécessitant une parfaite coordination entre les professionnels ainsi qu’une très grande réactivité. Le sang placentaire doit être prélevé immédiatement à la naissance, avant la mise en hypothermie thérapeutique de l’enfant. Ce prélèvement est effectué dans des conditions d’hygiène très strictes, l’enfant est surveillé en réanimation tout au long du processus.
Le Laboratoire de culture et thérapie cellulaire, dirigé par le Pr Florence SABATIER, se charge de monitorer la qualité du greffon cellulaire via des phases de purification et de réduction du volume du sang et des contrôles sur la concentration de cellules souches. Une première dose est administrée à l’enfant par voie intraveineuse au deuxième jour suivant la naissance tandis qu’une seconde dose est congelée pour, si besoin, être utilisée à 3 semaines de vie. La Coordination Hospitalière de Prélèvement d’Organes et de Tissus se charge du transport du greffon lorsque la naissance n’a pas eu lieu à l’AP-HM mais dans l’un des 8 centres investigateurs qui en dépendent (sud de la France).
Une parfaite tolérance a été constatée chez le premier bébé inclus dans l’étude, traité à l’Hôpital de la Conception à Marseille en Février 2020 et sorti de réanimation au bout de 7 jours. Une innovation thérapeutique qui devrait contribuer à donner un avenir meilleur aux nourrissons atteints, en préservant toutes leurs chances de développement.
Source : Hôpitaux Universitaires de Marseille.
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