Il y a six mois, le rapport indépendant Ockenden a révélé en Angleterre des centaines de bébés décédés ou ayant subis des dommages cérébraux faute de soins adéquats dans les maternités publiques de Shrewsbury et Telford. Le média ITV News Central alerte que d’autres cas se présentent encore, dont un survenu postérieurement à la publication du rapport.

Deux familles ont accepté de partager leurs histoires, dans l’espoir que cela puisse aider les autres.

« Ils n’ont rien appris ! Ils évitent toujours les césariennes, ils n’écoutent toujours pas les familles ! »

Peu après la publication du rapport Ockenden définitif, Hazel Harwood a été admise à la maternité de Shrewsbury. Son accouchement a été déclenché à 40 semaines. Présentant quelques signes de pré-éclampsie, sa grossesse était considérée à haut risque.

Elle affirme qu’elle a demandé à plusieurs reprises si une césarienne serait plus sûre, mais qu’elle a été poussée vers un accouchement dit naturel. Un point important qui est revenu à maintes reprises de la part des familles incluses dans le rapport Ockenden.

Après un travail prolongé et dans un contexte de manque de personnel, le cœur de Mia s’est arrêté de battre. Elle est décédée le 3 avril dernier. « Je n’arrête pas de penser, s’ils avaient fait quelque chose plus tôt, je me promènerais avec une poussette. », a déclaré la mère endeuillée. « Nous avions tellement de projets… et maintenant, il n’y a plus rien ! »

Un rapport de la Direction des Enquêtes sur la Sécurité des Soins de Santé publié cette semaine a identifié des lacunes sur un aspect particulier de ses soins, qui, selon lui, auraient pu changer le résultat. Hazel affirme qu’elle était au courant de l’examen d’Ockenden, mais espérait que cela avait déjà fait une différence. « J’ai tout lu, j’ai vu tous les documentaires à ce sujet. Vous pensez automatiquement qu’avec se qui s’est passé, ils vont être très prudents, mais ils font juste les mêmes erreurs, ils n’ont rien appris ! Ils évitent toujours les césariennes, ils n’écoutent toujours pas les familles ! »

« Ils nous ont dit qu’il y avait des inquiétudes et ils n’ont rien fait, ils nous ont simplement renvoyés chez nous. »

Une autre mère, Iona Daykin, témoigne de son expérience à la maternité de Telford en janvier dernier.

Un ours en peluche, une boîte à souvenirs et un morceau d’argile encadré imprimé par de minuscules mains et pieds. Ce ne sont là que quelques objets qui permettent à Iona Daykin de se souvenir de son fils Jahmari, qui est mort-né en janvier six mois après le début de sa grossesse. « Je n’ai pas réussi à m’en remettre. C’est difficile, chaque jour vous sortez et vous voyez quelqu’un avec un bébé. Je suis content pour eux. Mais c’est comme… où est le mien ? » témoigne la jeune mère.

Iona Daykin.

Elle est allée à l’hôpital de Telford en janvier dernier avec des mouvements fœtaux réduits et il a été remarqué que le pouls de son bébé était élevé. Elle avait aussi des protéines et du sang dans ses urines. Elle a fait des analyses supplémentaires puis elle a été renvoyée chez elle. On lui a dit que tout allait bien, malgré qu’elle disait être toujours inquiète. Quatre jours plus tard, elle s’est représentée. Un examen a confirmé ses pires craintes. Son bébé était décédé. Neuf mois plus tard, elle attends toujours de savoir pourquoi, n’ayant toujours pas reçu le rapport de l’autopsie.

« Ils nous ont dit qu’il y avait des inquiétudes et ils n’ont rien fait, ils nous ont simplement renvoyés chez nous. Je ne sais pas ce qui est arrivé à mon garçon. Et c’était en janvier. Je veux des réponses. »

Ce décès est survenu après la date limite de l’examen indépendant dirigé par la sage-femme Donna Ockenden, qui a identifié des défaillances généralisées du service de maternité du Shrewsbury & Telford Hospital Trust.

Le rapport Ockenden a été publié le 22 mars 2022.

Depuis lors, le National Health Services Trust (équivalent anglais de la HAS) insiste sur le fait qu’il a apporté des améliorations. Il indique que sur les 52 actions recommandées par le rapport intermédiaire Ockenden publié en 2020, il en a mis en œuvre 87 % ; et sur les 158 actions énoncées dans le rapport final de mars, il dit avoir réussi à mettre en œuvre 28 %.

La responsable de la négligence clinique, Beth Heath, a déclaré que huit personnes s’étaient manifestées en 2020, deux autres en 2021 et deux en 2022. « Cela me montre que ce n’est pas un problème qui appartient au passé, et même si des améliorations sont apportées, elles sont trop lentes car ces tragédies se produisent encore », a-t-elle déclaré.

ITV News Central a approché le Shrewsbury & Telford Hospital Trust à plusieurs reprises depuis juillet, demandant un entretien avec la directrice générale Louise Barnett pour discuter des améliorations qu’il dit apporter. Cependant, à chaque fois, leur demande a été refusée.

Le NHS Trust a publié un communiqué concernant les expériences de Iona Daykin et Hazel Harwood. La directrice des soins infirmiers Hayley Flavell a déclaré : « Au nom du Trust, j’adresse mes sincères condoléances à Mme Harwood et à Mlle Daykin, ainsi qu’à leurs familles, pour leurs pertes. Sur la triste occurrence d’un mort-né à notre Trust, nous suivons une analyse solide et approfondie un processus d’enquête qui nous responsabilise vis-à-vis des familles ainsi que des instances extérieures, et nous agissons sur toutes les recommandations pour améliorer le service et les soins que nous fournissons. »

Elle a dit avoir encouragé les deux femmes à contacter le service de conseil et de liaison avec les patients pour discuter de leurs dossiers.

 

Traduction provenant de l’article original : ITV News Central.

Pour plus d’informations : Mars 2022. Rapport Ockenden. Findings, conclusions and essential actions from the independant review of maternity services at The Shrewsbury and Telford Hospital NHS Trust.

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