
Chloé est née à la maternité de l’hôpital de Châtellerault en état de mort apparente suite à un accouchement difficile ayant nécessité le recours au forceps et à la ventouse. Sa mère, encore traumatisée par les conditions de son accouchement, craint de possibles séquelles.
Marine Talbot a donné naissance à Chloé le 14 juin 2015. Un jour qu’elle considère à la fois comme le plus beau et le plus sombre de sa vie. La veille, après neuf mois de grossesse sans la moindre fausse note, la jeune femme se présente « vers 9 h 30 », avec son mari Damien, à l’Hôpital Camille-Guérin de Châtellerault – où elle a choisi d’accoucher – pour un contrôle « classique » du col de l’utérus.
Le terme est passé depuis quatre jours, mais la future maman n’a toujours pas de contractions. « A l’examen, la sage-femme note qu’il n’y a plus de liquide amniotique. Il faut déclencher l’accouchement car ça devient dangereux pour le bébé. »
Une tache au cerveau… et puis plus rien.
Marine s’était déjà présentée pour le même examen le mardi précédent (jour du terme) et le jeudi. A chaque fois, elle avait été invitée à rentrer chez elle. « Le mardi, précise-t-elle, il n’y avait plus beaucoup de liquide amniotique. La sage-femme avait téléphoné à l’obstétricien, qui, sans se déplacer, avait dit de revenir dans 48 heures. »
Le samedi matin l’hôpital engage le processus d’accouchement. Par bandelette (pour aider le col à s’ouvrir). Marine patiente jusqu’au lendemain. « A 6 h, on constate une baisse des battements du cœur du bébé, signe d’un manque d’oxygène. On m’installe en salle de travail. Les heures passent. A 13 h 27, puis 14 h 07, nouveaux ralentissements du cœur, pendant dix minutes la seconde fois. L’équipe médicale s’active. Le gynéco écarte l’idée d’une césarienne, trop longue à mettre en place. On est dimanche, il faut 20 minutes pour faire venir l’équipe d’astreinte du bloc. On me pose les forceps, la ventouse… »
Chloé naît à 14 h 59. Le cordon coupé, elle est directement prise en charge par le personnel soignant. « Je n’ai pas pu la voir, témoigne sa maman. On ne m’a rien expliqué, je n’ai pas compris ce qui se passait. Pendant ce temps-là, le gynéco me posait mes points de suture. 54 au total, car j’avais une très grosse épisiotomie. »
Selon Marine, ce n’est que « deux heures après » que l’équipe médicale vient à elle. Le choc est terrible : « On me dit qu’il y a eu un problème à l’accouchement. Chloé a été déclarée en état de mort apparente. Il a fallu la réanimer pendant neuf minutes – ce qui est très long. Puis on l’a intubée. »
Le bébé est transporté au CHU de Poitiers et placé en hypothermie. « Un peu comme dans un coma artificiel. Elle était branchée de partout. » Trois jours plus tard, « un IRM au cerveau révèle une tache sur le côté gauche, laissant présager un handicap lourd. On nous invite à nous préparer au pire. »
« Chloé est pleine de vie, mais… »
Deuxième IRM une semaine après. Cette fois, « tout est normal. La tache a disparu. Incroyable ! On n’y croyait plus… Deux ou trois jours après, on a pu prendre Chloé dans nos bras et enfin profiter d’elle ». A partir de là, le nouveau-né reprend peu à peu des forces. Aujourd’hui, à bientôt six mois, elle va « très bien, elle est pleine de vie. Bref, un bébé normal. Elle a un suivi neurologique, il n’y a aucune séquelle. »
La famille a retrouvé le sourire. Mais Marine reste angoissée : « De lourdes séquelles peuvent se révéler plus tard. A ce jour, elle ne marche pas, ne parle pas, comme tous les bébés de son âge. Mais dans un an ? ». Une question qui hante les pensées de la jeune femme.
Source : La Nouvelle République.
Autres articles