Un bébé a subi des lésions cérébrales à sa naissance, en octobre dernier à la maternité de Bienne. Les parents reprochent à la sage-femme de ne pas avoir fait appel plus tôt à un médecin.

Pour de nombreux parents, la naissance de leur enfant est considérée comme l’un des plus beaux moments de leur vie. Or pour Martin et Natalie, la venue au monde de leur petite fille Anna, le 1er octobre 2018 à la Clinique des Tilleuls à Bienne, a été particulièrement traumatisante.

« J’ai remarqué que ma fille ne pleurait pas », se souvient le père de 31 ans. « Elle était bleue, bougeait à peine et luttait pour respirer. » La sage-femme aurait rassuré les parents en leur disant que la petite avait uniquement « quelques difficultés initiales. »

Infirmité motrice

Il s’est avéré par la suite qu’elle avait mal évalué la situation. Malgré avoir été placée sous respiration artificielle, Anna a dû être transférée en ambulance au Centre Hospitalier de Bienne. « Je n’avais qu’un seul souhait : que ma fille soit en vie », raconte Martin. Après six jours, le soulagement : Anna a pu quitter l’hôpital, a priori sans séquelles neurologiques.

Or son état de santé a connu une tournure dramatique dans les mois qui ont suivi. « Notre pédiatre s’est rendu compte qu’Anna utilisait davantage son bras gauche et qu’elle bougeait de manière asymétrique », témoigne le père. Des vérifications effectuées à l’hôpital de l’Île à Berne ont révélé chez la petite une infirmité motrice d’origine cérébrale. « A l’heure actuelle, il est impossible de savoir de quels handicaps elle souffrira plus tard. »

Liquide amniotique vert

Un gros coup dur pour les parents, qui sont persuadés que les lésions cérébrales de leur enfant auraient pu être évitées. Ils reprochent à la sage-femme d’avoir mal évalué la situation. Malgré des signes évidents indiquant un manque d’oxygène, elle aurait attendu plusieurs heures avant d’en informer la médecin présente ce jour-là.

Le couple a donc fini par engager un avocat et a demandé une expertise réalisée par un médecin-conseil. Celui-ci semble confirmer les soupçons des jeunes parents. Car selon le gynécologue indépendant, les données de la cardiotocographie (surveillance du rythme cardiaque du bébé) s’étaient dégradées à tel point qu’une personne expérimentée « aurait dû se demander combien de temps l’enfant pouvait encore compter sur ses réserves d’oxygène sans subir des lésions. » Le liquide amniotique vert au moment de la perte des eaux était un autre signal d’alerte qui aurait dû être pris considération.

« Nous comprenons l’inquiétude des parents »

Son verdict est sans équivoque : « Les dernières trois heures avant la naissance n’auraient jamais dû avoir lieu. » Le médecin-conseil pense par ailleurs qu’il est fort probable que la médecin présente ce jour-là aurait pris des mesures nécessaires si elle avait été informée plus tôt.

Le couple a porté plainte contre la clinique. Ce sera donc à un tribunal de trancher dans cette affaire. Contactée par 20 Minuten, la clinique dit regretter les circonstances dans lesquelles s’est passée la naissance tout comme l’état de santé de l’enfant. « Nous comprenons la grande inquiétude des parents. Nous ferons tout pour tirer cette affaire au clair. »

La porte-parole Bettina Widmer-Renfer ne souhaite en revanche pas entrer dans les détails en raison de l’enquête en cours.

Source : Lematin.ch.

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