
Lors de la naissance de l’enfant à la Clinique Saint Jean à Cagnes-sur-Mer (Alpes-Maritimes), l’obstétricien avait refusé de procéder à une césarienne alors que la tête du nourrisson était mal positionnée. Privé d’oxygène, l’enfant est multi lésé cérébral. L’obstétricien a été condamné pour faute et a également été reconnu coupable d’altération de dossier médical.
L’enfant est aujourd’hui tétraplégique et muet. Il est alimenté par une sonde et demeure incontinent. Il ne sera jamais autonome. Ses parents ont obtenu l’indemnisation de 11 millions d’euros auprès de la Cour d’Appel d’Aix-en-Provence. Cette somme, provisionnée par un assureur, permettra la prise en charge de l’enfant jusqu’à la fin de ses jours.
Une naissance traumatique
Pourtant au moment de naître, à l’issue d’une grossesse sans particularité, l’enfant était sain. Un soir de juillet, la maman est prête à accoucher, mais le bébé est mal positionné. Pourtant le médecin persiste à opter pour un accouchement par voie basse. Ce dernier décide de rentrer chez lui, alors même que « tous les feux sont au rouge » d’après l’avocat de la famille, Maître Bourgin.
« Quand il est revenu, deux heures après, il s’est obstiné à refuser de faire une césarienne », dit le père de l’enfant. Le gynécologue utilise en dernier recours des spatules, avec lesquelles « il a tiré de toutes ses forces, provoquant un jet de liquide ».
Le bébé ne vient toujours pas, une césarienne est finalement décidée en urgence. Mais il est trop tard, et les tentatives d’extraction du médecin ont eu pour conséquences de priver d’oxygène le cerveau du bébé, entraînant des lésions cérébrales irréversibles. « Il y a eu une suite de négligences coupables de la part du médecin, enchaîne Maître Bourgin, l’avocat de la famille. Par orgueil et par incompétence ».
A sa naissance le bébé ne crie pas et est mou. Il est transféré immédiatement en réanimation. Il a passé les mois qui ont suivi dans le coma puis en rééducation, et ses parents ont dû se confronter à un mur imposé par le corps médical. « On nous a d’abord dit qu’il souffrait d’une maladie rare, puis qu’on racontait n’importe quoi, et qu’il n’y avait jamais eu de spatules. » reprend le père. Quant au docteur Seklaoui, « ses premiers mots ont été de nous conseiller de prier et de faire rapidement un autre enfant. Nous ne lui pardonnerons jamais ».
Un dossier médical altéré
Une reconnaissance judiciaire que la famille aura mis 12 ans à faire établir. Car entre-temps le dossier médical de l’accouchement a été altéré par le docteur Seklaoui. Le praticien avait falsifié le dossier médical de l’accouchement en y apposant des annotations non conformes aux données cliniques pour se dédouaner. Le médecin s’est ensuite pourvu en cassation mais a été débouté en 2012.
Une supercherie qui a été découverte lors du procès en première instance par la sage-femme présente lors de l’accouchement. C’est elle qui s’est rendue compte que le dossier médical discuté à l’audience ne correspondait pas à celui qu’elle avait elle-même envoyé par précaution à son assureur, le lendemain de la naissance du bébé. « Il y a d’ailleurs eu des pressions sur cette sage-femme pour qu’elle modifie ses dires », a constaté Maître Bourgin.
Le médecin, qui a reçu un blâme de l’Ordre des Médecins, exerce toujours dans le Sud de la France.
L’impartialité des experts en question
La famille réfléchit également à initier auprès de l’Ordre des Médecins une procédure contre un expert médical « qui a voulu disculper, au mépris des faits, l’obstétricien, précise Maître Bourgin. Souvent les experts travaillent à la fois pour la justice et les assurances. Il y a comme dans l’affaire du Mediator un conflit d’intérêt. »
Il poursuit : « On sous-estime la violence du corps médical qu’ont essuyé mes clients. Un expert judiciaire obstétricien est venu affirmer, contre les preuves médicales et IRM, à l’audience correctionnelle que l’enfant n’avait pas subi un manque d’oxygène durant l’accouchement, mais qu’il avait dû subir une chute au sol après l’accouchement. Le tout pour dédouaner son collègue à la barre. »
Et d’ajouter : « Les Giardina ont dû solliciter eux-mêmes des contre-expertises qui ont évidemment démontré que c’est bien un manque d’oxygène durant l’accouchement qui avait causé les lésions neurologiques de Philippe. »
Une indemnisation pour une vie digne

Une famille unie autour de Philippe.
Les réparations accordées à Philippe ne vont pas être versées en une seule fois mais en rentes mensuelles qui serviront à rémunérer les éducateurs et les aides à domiciles qui se relaient à domicile 24h/24.
« On va élever Philippe. Surtout on pense à Philippe le jour où on fermera les yeux et où on ne sera plus de ce monde », a expliqué Sandrine. Le papa, artisan, s’est totalement arrêté de travailler pour s’occuper de lui.
Revue de presse
France TV Info, France TV Info, France 3, Le Figaro, Le Parisien, Europe 1, Elle, Paris Match, RTL, Le Monde, Le Point, Doctissimo, Santé Magazine, Magic Maman.
Nous avons appris que Philippe est décédé à l’âge de 17 ans. Nous adressons nos condoléances à sa famille et nous associons à sa peine.

En souvenir de Philippe Giardiana.
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