
La jeune mère a perdu sa fille alors qu’elle venait d’accoucher et elle met en cause le temps d’attente de sa prise en charge. Elle dénonce l’altération de son dossier médical par le personnel soignant et l’inaction de la justice.
Ses lèvres et ses mains tremblent quand elle prononce le prénom de sa fille, Kylie, décédée trois jours après sa naissance. Marlène Neves-Marques, habitante de Chelles, en Seine-et-Marne, est encore sous le choc mais souhaite, pour la première fois, parler de ce qu’il lui est arrivé.
Elle patiente dans la salle d’attente
11 mai 2018. Marlène Neves-Marques se rend à l’hôpital du Raincy-Montfermeil pour un suivi de grossesse normal. Elle est alors à quelques jours du terme. « Quand on m’a auscultée, tout allait bien. On m’a dit que le col de l’utérus n’était pas ouvert. Je devais accoucher le 19 mai », déclare-t-elle.
12 mai 2018, 11 h 05. Marlène a de nombreuses contractions. Fabio, son mari, la dépose à l’hôpital. Elle arrive aux urgences maternité. « Je me retrouve face à une porte barrière qui bloque l’accès aux urgences. C’est la procédure, il faut sonner pour entrer. »
Ce que fait Marlène. Une employée de l’hôpital lui demande ses symptômes avant de lui faire une analyse d’urines. On demande à la future maman de patienter dans la salle d’attente. Elle n’est toujours pas entrée dans les urgences et fond en larmes.
« Code rouge »
12 mai 2018, 12 h 20. « J’étais inexistante, un fantôme, alors qu’une autre femme enceinte, arrivée après moi, est entrée dans le service… mais pas moi », confie Marlène en larmes. Après un long moment, Marlène craque et tente de se lever mais elle n’y arrive plus. Elle est alors aidée par un homme présent dans la salle d’attente.
« Il a sonné et a demandé de l’aide », lâche-t-elle avant de reprendre sa respiration. « Il m’a sauvé la vie. »
Marlène entre enfin dans le service maternité. Après un monitoring, elle comprend qu’il y a un problème avec son bébé. « La sage-femme a crié code rouge ». Un nouveau médecin l’examine et essaie de la rassurer.
« Ils m’ont ouverte à vif »
Après une échographie, Marlène est transportée en urgence au bloc opératoire. « J’ai juste demandé si j’allais mourir ». La sage-femme m’a répondu : « vous non, mais le bébé on ne sait pas ». Les médecins réalisent une césarienne « alors que j’étais encore consciente ».
« Ils m’ont ouverte à vif car l’anesthésiant n’avait pas encore fait effet. Ils ont justifié cela en disant que mon bébé était en souffrance. J’ai failli mourir. » Kylie est née, mais, en manque d’oxygène, son pronostic vital est immédiatement engagé. Elle est transportée à l’hôpital Trousseau.
Kylie ne survivra pas
15 mai 2018. Kylie ne survit pas. Seul son papa a pu la voir. Marlène est hospitalisée plusieurs jours et a beaucoup de mal à reprendre des forces. « Le personnel venait régulièrement me dire que c’était normal d’attendre 1h30 entre son arrivée et sa prise en charge. On me l’a répété plein de fois. »
Selon les médecins, le placenta se serait décollé, mettant en danger la vie de la mère et de l’enfant.
17 mai 2018. Marlène sort de l’hôpital. « Même sur le bulletin de sortie, le personnel a menti sur mon heure d’arrivée. Elle a été modifiée. » Elle décide d’aller directement au commissariat de Clichy-sous-Bois (Seine-Saint-Denis) pour déposer plainte et fait un signalement à l’ARS (Agence Régionale de Santé).
Une autopsie demandée
Juillet 2018. Le dossier de Marlène est saisi par un expert médical qui demande une analyse du placenta, une autopsie de Kylie, l’audition d’une trentaine de personnes ainsi que l’accès aux images des caméras de l’hôpital. « Depuis, je n’ai aucune nouvelle de la justice. Je lance un cri d’alerte au procureur de Bobigny qui a mon dossier entre ses mains. »
L’ARS reconnaît un dysfonctionnement
7 janvier 2019. L’ARS envoie un courrier à Marlène dans lequel l’agence reconnaît un « dysfonctionnement », et que « l’accueil et la prise en charge le 12 mai 2018 n’ont pas été adaptés. Il a été demandé à la direction de prendre des mesures correctives […] ».
« Ils m’ont abandonnée »
Aujourd’hui Marlène décide de raconter son histoire pour dénoncer sa mauvaise prise en charge. Elle attend toujours une réponse de la justice. « Ils m’ont abandonnée et les personnes en question doivent être sanctionnées. Je n’en veux pas à l’hôpital mais au personnel qui ne m’a pas prise en charge tout de suite. Ma fille serait là avec nous, elle ne demandait qu’à vivre. »
Marlène est déjà retournée à l’hôpital du Raincy-Montfermeil. « J’y vais souvent. Je sais que ça les embête. Je raconte ce qui m’est arrivé pour que les gens sachent. C’était peut-être un accident mais il faut réparer maintenant, même si ma fille ne reviendra jamais. »
L’avocate de Marlène Neves-Marquez se refuse à tout commentaire, tant que « l’enquête est en cours ». Contacté, l’hôpital du Raincy-Montfermeil n’a pas répondu aux sollicitations du journal La Marne.
Source : Actu.fr.
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