Pour les parents, la mort de leur enfant n’est pas due à la fatalité. Mais bel et bien à un enchaînement de dysfonctionnements. En cause une césarienne demandée par la sage-femme puis annulée.

C’est la raison pour laquelle ils ont demandé une autopsie de leur petite fille et que leur avocat Maître Marc Maroselli a déposé au parquet d’Ajaccio une demande d’ouverture d’enquête en recherches des causes de la mort.

Le couple est bien conscient que rien ne ramènera leur enfant à la vie mais ils veulent savoir avec exactitude pourquoi, entre le 5 août à 15 heures et le matin du 10 août aucun médecin n’a examiné la jeune maman alors qu’elle avait été hospitalisée sur la demande de sa sage-femme en raison d’une « chute » du cœur du bébé au moment des contractions.

Ils veulent également savoir pourquoi la césarienne demandée par la sage-femme de garde à 8 heures du matin a été annulée quelques minutes plus tard.

Et pourquoi le certificat de décès porte la mention « mort-né » alors qu’on a certifié au papa qu’une réanimation avait été pratiquée pendant une demi-heure.

Une semaine après les faits, le jeune couple est au-delà des larmes. L’un et l’autre se refusent aux cris et à la haine, ils n’ont aucun désir de vengeance. Ils veulent savoir. Comprendre. « Cela aurait dû être le plus beau jour de notre vie », disent-ils dans un souffle. Et quand on leur demande pourquoi ils entament cette procédure judiciaire ils répondent à tour de rôle. « Je le dois à ma petite fille »affirme Valérie. « Pour éviter que cela se reproduise, que d’autres parents vivent notre cauchemar », poursuit Laurent.

Cette demande d’enquête c’est aussi, pour eux, un moyen de rester debout, de ne pas affronter seuls le vide, l’absence de leur enfant.

Enquête ouverte par la DSS

Contacté hier, le directeur de l’hôpital d’Ajaccio a déclaré : « J’étais absent au moment où le drame s’est produit. A mon retour lundi matin, j’ai demandé qu’une enquête soit ouverte par la DSS (Direction de la Santé et de la Solidarité). Je n’ai pas accès au dossier médical je n’en parlerai donc pas. Mais j’ai souhaité que cette enquête ne soit pas effectuée en interne afin qu’elle demeure neutre. J’imagine la souffrance des parents du bébé mais je sais que l’équipe de la maternité est également en souffrance. D’ordinaire, c’est un lieu d’événements heureux… »

Dans quelques mois, Valérie Leccia et Laurent Canavaggio auront peut-être des commencements de réponse.

Un manque de structures en Corse

Il y a 20 ans à Ajaccio, les femmes avaient le choix entre quatre maternités et un grand nombre d’obstétriciens. Aujourd’hui, dans tout le département, il ne subsiste qu’une seule structure, celle d’un centre hospitalier dont les difficultés sont devenues une véritable saga. Un établissement dont les personnels eux-mêmes affirment que de restrictions budgétaires en maîtrise des dépenses, il est en train de se transformer en « dispensaire ».

Il est clair que des réponses sont indispensables aussi pour l’ensemble de la population. Si on ne souhaite pas que, de nouveau, chacun soit convaincu que le meilleur médecin de Corse-du-Sud porte le nom d’une compagnie aérienne…

Source : Corse Matin.

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