
Souffrant de graves séquelles neurologiques, la jeune femme est condamnée à passer sa vie dans un institut spécialisé. La justice administrative a ordonné une nouvelle expertise pour mieux comprendre les conditions de sa naissance.
Elle souffre d’une « encéphalopathie ischémique anoxique ». Elle est sujette à d’importantes crises d’épilepsie, présente une inégalité de longueur des jambes et un « effondrement du tronc » qui l’obligent à se déplacer « dos voûté et genoux fléchis ».
Ses parents sont convaincus qu’il y a eu des erreurs commises lors de l’accouchement à la maternité du CHU de Nantes. Après un énième round judiciaire la justice administrative a décidé d’ordonner une nouvelle expertise médicale. Lors de l’audience en appel qui s’est tenue à Nantes il y a deux semaines, le rapporteur public – équivalent du procureur pour la justice administrative – s’y était déclaré favorable.
La famille s’interroge sur l’impartialité des experts
En novembre 2017, alors que l’affaire était examinée en première instance, le tribunal avait estimé qu’il n’y avait pas eu de manquements de la part des personnels soignants. Les juges s’appuyaient alors sur une première expertise les dédouanant. Au grand dam de la famille Lansac, laquelle s’interrogeait sur l’impartialité des experts, persuadée depuis le départ que toutes les chances n’avaient pas été mises de son côté d’un point de vue médical.

Margaux entourée de sa famille.
Car à 7h05 lorsqu’elle se présente le 26 juillet 1999 au CHU la maman de Margaux sent qu’il y a un problème. Elle ressent notamment comme « un coup de poignard » dans son ventre. Une douleur causée par « un hématome rétro-placentaire », c’est-à-dire formé entre le placenta et l’utérus. Mais les sages-femmes ne l’identifient pas. Et alors même que les ralentissements cardiaques du bébé sont inquiétants, l’interne n’est appelé qu’à 7h33, alors qu’un médecin réanimateur aurait pu avoir été prévenu à l’avance.
« D’autres experts qui nous ont donné raison oralement se sont toujours refusés à l’écrire, soupire Sophie Lansac. Il y a une véritable omerta. »
Un premier expert s’est penché sur cet enchaînement, et n’a rien trouvé à y redire. Des conclusions qui exaspèrent la famille Lansac et son avocat Maitre LEVY. Ces derniers pointent ainsi du doigt le fait que l’expert en question a contacté le médecin chargé du suivi de la grossesse un 26 décembre, à quelques jours seulement de la remise de son rapport.
Un professeur Suisse, Jean Bouquet de la Jolinière, est pourtant allé dans leur sens :
« De toute évidence, le tableau clinique de Mme Lansac à 6h45 ne pouvait n’être qu’un hématome rétro-placentaire. Je déplore qu’il ait fallu attendre 7h33 pour appeler un interne, qui n’est pas un senior auquel de telles urgences incombent. »
Un autre médecin, le professeur Boulanger, estime :
« Une prise en charge de Mme Lansac par un obstétricien dès l’observation des premiers signes pathologiques de l’hématome aurait conduit à une souffrance fœtale moindre et à des séquelles moins marquées chez Margaux. »
Revue de presse
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