Un couple de toulonnais s’interroge devant des conditions d’accueil compliquées à la maternité de Toulon. Suite à un accouchement long et compliqué, leur bébé est décédé quelques heures après sa naissance.

De leur bébé, il ne reste que deux petites empreintes sur une feuille de papier. Deux petites traces: une main, un pied. Et les photos d’un corps fragile, « avec des tuyaux partout. »

Le 15 décembre dernier, Djamila et Grégory, un couple toulonnais, a vécu la pire histoire d’une vie : la perte d’un enfant. Alors que celui-ci venait à peine de naître, le nourrisson n’a jamais réussi à respirer seul. Malgré trois heures de réanimation intensive, le petit garçon de 4 kg est décédé. Aujourd’hui, si les parents s’expriment, ce n’est pas pour accuser. Mais pour témoigner.

« Quand vous ressortez avec un petit cercueil de l’hôpital, c’est horrible. »

Reçue à plusieurs reprises, la famille a pris connaissance du dossier médical« On nous a tout détaillé, heure par heure. Le monitoring du bébé était normal jusqu’à la fin. Pourtant, mon bébé a énormément inhalé de liquide. » Depuis des semaines, Djamila cherche à comprendre. Parce que cette mère « en a besoin pour avancer. » Elle qui vit comme « amputée » de l’intérieur. Il reste trop d’inconnues pour comprendre ce qu’il s’est vraiment passé… Même si l’hôpital estime que « la prise en charge obstétricale n’est pas remise en cause dans ce dossier. »

Six heures assise

Mais les parents ressentent aussi de l’amertume, à cause de la façon dont l’accouchement s’est déroulé. « Depuis le début et jusqu’à la fin, je n’ai fait qu’attendre. Attendre. Cela n’a été que des concours de circonstances. Et moi, j’ai attendu », se désole Djamila.

La naissance était pour ainsi dire sur rendez-vous, déclenchée quatre jours après le terme théorique de la grossesse. Le bébé était haut dans le ventre et ne descendait pas. Entre son entrée à l’hôpital Sainte-Musse de Toulon, un lundi matin avant 9 h, et sa césarienne, le lendemain à 11h14, il s’est écoulé 26 heures. Et à trois reprises la maman a dû attendre. Parfois douloureusement. Le plus long moment fut dans le couloir de la maternité : six longues heures « sur une simple chaise » avant d’être prise en charge. « Il y avait beaucoup de passage. Des urgences, mais aussi des femmes qui passaient devant nous, on ne comprenait pas pourquoi. »

Enchainement des dysfonctionnements

À 15 h l’après-midi, Djamila accède enfin à une chambre où commencent les premiers gestes médicaux pour favoriser les contractions. Celles-ci se déclenchent en milieu de nuit et conduisent la maman en salle de travail. Mais au moment de passer en salle d’accouchement, de nouveau on leur dit qu’il faut attendre : il n’y a pas de salle disponible.  « Là, c’était fort ! », s’exclame le père. Stupeur. Les minutes sont longues. Deux heures d’attente avant d’avoir une péridurale en salle d’accouchement.

Aujourd’hui le couple refait mentalement toutes les étapes. Grégory a eu l’impression que « dans le service, ils arrivaient à saturation ». Eux n’ont pas voulu s’imposer: « On n’ose pas, on a de la retenue. » Ultime moment d’attente enfin, le délai de 28 minutes entre la décision de pratiquer la césarienne et la naissance.

L’hôpital explique « être dans les normes » d’une intervention normale. Réaction des parents: « Tous ces moments d’attente, ce sont quand même des dysfonctionnements, non ? » 

Source : Var Matin

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